Date du jour :28/03/2024

SAM CASTENDET: Un ambassadeur de la Biguine à Paris

Sam Castendet , chef d’orchestre, clarinettiste , batteur a animé de nombreux cabarets parisiens et de Provinces

La rue zabymes, nèg ni mové manniè, lévé yo lévé yo ka,… sont quelqu’un des succès de ce samaritain originaire du quartier Bezaudin.

Chef d’orchestre, compositeur, clarinettiste, batteur, interprète, de son vrai nom, Samuel Sabinus Castendet est né le 30 décembre 1906 à Sainte Marie. Originaire du quartier Bezaudin, il était issu d’une femme mulâtresse de la petite bourgeoisie locale. Sa mère Constance Beauharnais -Castendet est une sage-femme de Fort De France alors que son père, est artisan charronnier.

En 1914 Il va vivre chez sa mère à Clarac à Fort De France. Il fréquente l’école communale de Perrinon et découvre la musique. Passionné , Il fabrique même une flûte à partir d’une tige vraisemblablement de giraumon. Sa mère lui offre une clarinette dès l’âge de 16 ans. Il admire Alexandre Stellio qu ‘il découvre à l’écoute des films du cinéma muet: Gaumont .

Il abandonne l’école et se forme au métier d’ébéniste puis s’oriente vers la mécanique. Il s’envole vers la France en 1924 et doit retrouver un emploi de mécanicien dans l’aviation. Il loge dans une maison de bonne et occupe différents métiers notamment celui de tourneur. Il continue à jouer de son instrument en autodidacte puis l’abandonne dans un coin de sa maison.

le Nègue Antillais sortie en 1947

Une opportunité s’offre à lui. En Octobre 1931, il est invité à animer le pavillon de la Guadeloupe lors de l’exposition coloniale internationale. Il doit remplacer Alexandre Stellio. Il retrouve son instrument et sous l’impulsion du pianiste Gaston Adélaïde et du tromboniste Massena, il assure ses premières prestations durant trois semaines. C’est le début d’une longue carrière musicale. Il avait 25 ans.

L’orchestre de la Canne à Sucre en 1950 : Robert Roch , Albert Lirvat , Maurice Noiran , Kenn , Sam Castendet à la batterie
Bossu Doudou, premier gros succès de Sam Castendet sortie en 1936

Il rencontre Alexandre Stellio au Tagada biguine qui l’encourage. Sam décide d’abandonner son métier de tourneur pour s’engager uniquement dans la musique. Après avoir découvert le solfège, il décide de monter sa propre formation : Sam Castendet et son orchestre antillais.

Sa carrière démarre véritablement à « La Boule blanche » où les amateurs de biguine et musique des Antilles découvrent ce clarinettiste et chef d’orchestre talentueux. Il anime les cabarets parisiens(Elan Noir, Bal Blomet) puis part en 1932 dans une tournée au Sud de la France et en Suisse. Il se rend à Bordeaux puis à Toulouse. Il est accompagné de Victor Marie Joseph (banjo),Raymond Domiquin(chacha),Edgar Ducas(piano) et henry Martial (Batterie) ainsi que deux danseuses. Il anime avec le chanteur danseur Mayamba.

En 1933, il revient à Paris pour jouer au « Mikado » sur le boulevard Rochechouart. En 1936, il se retrouve dans le Nord au « Sing Sing », le cabaret de l’hôtel Normandy au Touquet-Paris-Plage . C’est cette même année qu’il enregistre son premier album chez Columbia : deux 78 tours avec une face de musique traditionnelle et une face de musique jazz.

Il anime les cabarets parisiens et suisse de 1937à 1939 lorsqu’éclate la seconde guerre mondiale

Levé yo, lévé yo ka, Sam Castendet n’oublie pas ses racines samaritaines

Mobilisé, Samuel Castendet est envoyé en Allemagne. Prisonnier, il arrive à s’évader en 1942 et rejoint Paris.

Pendant moin dans l’armée sortie en 1950

Il reprend ses activités de musicien et anime les lieux animés de Paris. Il se retrouve surtout à « La cigale », dirigée par le batteur Freddy Jumbo au « Pavillon d’Ermenonville » et à « La Villa d’Este ». A la libération, il intervient dans des opérations de solidarité (galas, spectacles,..)

C’est en Novembre 1946 que débute le temps fort de sa carrière : La Canne à sucre.

« La Canne à sucre » fut l’œuvre d’un couple de métropolitains Louise De Ruysscher et Jacques Magnien associés à un martiniquais :  Charles Kennibol 

Ravète modé, un grand succès sortie en 1949

Ce cabaret est devenu le haut lieu de la musique des Antilles où se retrouvait la haute société parisienne. De grands noms de la musique antillaise y ont défilé comme Moun De Rivel, Pierre Louiss, Ernest Léardée, Emmanuel Judes mais aussi Robert Mavounzy, Emilien Antile, Barel Coppet… Gérard La Viny.

La rue z’abymes, une mazurka reprise par Sam Castendet

Sam Castendet a animé cet endroit durant 5 ans ,de Novembre 1946 à Novembre 1951. Il a côtoyé le duo « Martineles y Alberto » (Martine Alessandrini et Albert Lirvat), le grand ballet de Nelly Lungla (Marie Lungla).

Nelly Lungla

Nelly Lungla chante Martinique 48 ( Sam Castendet), un regard cinglant sur la Martinique

Sam Castendet connait la gloire en 1951 : il est chargé de l’animation du podium du tour de France du 4 au 29 Juillet . Avec son orchestre de la Canne à Sucre, il fait le tour de France et connait le succès. Chaque soir, il anime un bal dans la ville d’arrivée

Il rejoint la même année, l’orchestre de la Cigale et joue avec Al Lirvat, Claude Martial, Robert Mavounzy, Robert Roch, Bernard Hulin. Il se retrouve à la batterie et anime les cabarets parisiens

Un hommage à Emmanuel Véry, député maire de Sainte Marie, chanté par Nelly Lungla

Sam Castendet décide de monter sa propre affaire : Il ouvre le 11 janvier 1952 à la rue Molière à Paris un cabaret « Le Fort de France » ainsi que sa maison de disque : La boite à musique. Le projet prendra rapidement fin en 1953.

Sam Castendet part en tournée dans le Sud-Ouest de la France et durant quatre ans, il va animer brasseries et cabarets notamment à Bordeaux puis à Toulouse. Il est accompagné dans sa tournée de Maurice Longrais, Roland Paterne, Mayamba.

En 1954 , il s’en va en tournée en Afrique centrale (Cameroun et Congo belge) . Il connait le succès (5000 personnes au stade Douala).

il aura l’honneur de jouer en 1956 pour le roi Farouk D’Egypte lors d’une soirée de prestige .

Negue ni mauvais manniè, un morceau très controversé

Ce sera sa dernière tournée internationale ; Sam Castendet est malade (insuffisance respiratoire)

Il abandonne la clarinette pour la contrebasse. Il anime le carnaval de Fort de France de 1959 à 1961 avec Barel Coppet, Henry Renault et Noel Taquine. La venue de tous ces musiciens ne fait pas plaisir à Francisco qui dénonça musicalement cet évènement. Barel Coppet répondit   en composant un morceau « Ti coco » qui eut un succès considérable.

Ti Coco

Les forces venant à lui manquer, il se retire du monde la musique en 1965, devient chauffeur dans un ministère puis va se reposer au début des années 1980 à La Rochelle, s’adonnant aux joies du bateau. Il a soixante-douze ans. Il vient plus souvent à la Martinique.  Il est honoré par Bernard Bolosier au festival de la Clarinette en Novembre 1986 ( 6ème festival de la clarinette) et par Mano De RCI en 1991 ou il reçoit un diplôme d’honneur.

Venu célébrer les fêtes de fin d’année dans son ile natale, Samuel Castendet meurt le 18 Janvier 1993 à la Martinique. il avait 86 ans. il est inhumé au cimetière de la Levée.

Discographie de Sam Castendet

Label Albums Format Année de sortie

Columbia            Sweet Georgia Brown / Bossu Doudou ‎(Shellac, 10»)           1936                   
ColumbiaEeny Meeny Miney Mo / Ja Na Bahia ‎(Shellac, 10″)               1936
Music MondeTi Jeanne / Nostalgie d’Amour ‎(Shellac, 10″)                           1947
Music MondeNegue Ni Mauvai Manie / Ce Ti No No ‎(Shellac, 10″)              1947
Music MondeDoudou Moin / Le Nègue Antillais ‎(Shellac, 10″)                       1947
Music MondeCé Ti No No / Nègue Ni Mauvai Maniè ‎(Shellac, 10″)                 1947
Music MondeMartinique 48 / La Rue Zabyme ‎(Shellac, 10″)                             1949
Music MondeRavète Modé / Eh Alors ! ‎(Shellac, 10″)                                       1949
Music MondeLévé Yo Ka / Manman’Ou Tè Bè ‎(Shellac, 10″)                          1949
ColumbiaEt Alors! / Crapaud ‎(Shellac, 10″)                                                 1950   
ColumbiaCé Nou Mêmm… Nou Mêmm… / Martinique 48 ‎(Shellac, 10″)    1950 
ColumbiaAngeïna / Ravete Môdé ‎(Shellac, 10″)                                          1950 
ColumbiaLévé Yo, Lévé Yo Ka / Pendant Moin Dans l’Armée ‎(Shellac, 10″) 1950 
ColumbiaTouloulou / La Rue Zabyme ‎(Shellac, 10″)                                     1950
ColumbiaCencen / Maman Ou Tebé ‎(Shellac, 10″)                                        1950 
ColumbiaCes Jaloux A / Marie des Îles ‎(Shellac, 10″)                                     1951
ColumbiaSouvenirs / Tombé Lévé ‎(Shellac, 10″)                                            1951
ColumbiaLes Adieux D’une Créole / Doudou Pas Pleurer ‎(Shellac, 10″)         1951
ColumbiaPavini Consa / Martinique Moin Chérie ‎(Shellac, 10″)                     1951
ColumbiaMi Belle Journée / La Nuit ‎(Shellac, 10″)                                          1951
ColumbiaPani Ti Moun / Z’Oiseaux Marins ‎(Shellac, 10″)                           1951
ColumbiaBonbon A Brulé / Les Nègues Antillais ‎(Shellac, 10″)                  1952
ColumbiaMoin Busoin An N’Hom’ / Ti Jane ‎(Shellac, 10″)                           1952
ColumbiaDoudou Moins / Nègue Ni Mauvais Maniè ‎(Shellac, 10″)               1952
ColumbiaVoltige Antillaise / Fifi ‎(Shellac, 10″)                                                1953
ColumbiaCé Nous Mêmm… Nous Mêmm… / Nous Deux ‎(Shellac, 10″)         1953
ColumbiaEugénie / Sainte-Luce ‎(Shellac, 10″)                                                1955
ColumbiaSainte-Marie / En Vidé ‎(Shellac, 10″)                                              1955                            
ColumbiaDoudou Pas Pleurer ‎(7″, EP)                                                           ?

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Ancien professeur d’histoire et de géographie, il a participé régulièrement à la vie culturelle de sa ville. Animateur, membre d’associations, il est aussi un passionné d’histoire. il s'intéresse plus particulièrement à l'histoire de Sainte Marie et à celle des trains des Plantations à la Martinique.

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