Date du jour :19/12/2024

Edouard Desroses et Georges Raveneau, deux samaritains pionniers de l’aviation en Martinique

Le 6 décembre dernier, une cérémonie d’hommage avait lieu à l’aéroport Aimé Césaire de Fort De France. Deux plaques portant le nom et le résumé de la carrière de ces deux héros martiniquais furent dévoilées devant l’aérogare.

Edouard Desroses

Edouard Desroses ,une carrière fulgurante

Edouard Desroses est né le 8 Décembre 1913 à Sainte Marie. A l’âge de 10 ans, il est fasciné par la présence d’un hydravion dans la baie de Trinité et se met à rêver d’être un jour pilote d’avion.

Brillant élève, il obtient son certificat d’étude et rejoint en 1929 à l’âge de 16 ans, l’école des Mousses à Brest. Il en sort major de sa promotion et obtient l’année suivante son brevet de la Marine Marchande. Il peut ainsi préparer son brevet d’aviation qu’il obtient en 1933. Il est inscrit à l’école d’aviation d’Hourtin et devient navigateur. C’est le collaborateur du pilote qui transmet toutes les informations de vols.

Desroses Edouard intègre le centre d’expérimentation pratique d’aviation (CEPA) de Saint Raphael en 1934. Il vole sur « La Croix du Sud ». Il fera les essais de l’hydravion le Latécoère 300.

le 16 Décembre 1964, Edouard Desroses pose pour la première fois sur la piste du Lamentin, le premier Boeing 707 d’Air France.

Il entre en 1935, à l’aéromaritime et participe à l’ouverture de ligne en Afrique francophone. Le 7 Juillet de la même année, il inaugure la ligne Cotonou/Niamey. Cet événement est immortalisé par un timbre-poste publié en 1985, avec son portrait dans son hydravion. Il poursuit une longue carrière en Afrique puis rejoint en 1946 la RLAF (Réseau des lignes aérienne françaises) qui sera absorbée par Air France. Cette compagnie à un projet de création de ligne sur les Antilles.

Edouard Desroses est intégré dans le projet et suit une formation à San Diego en Californie. D’ailleurs c’est lui qui réceptionne le premier Catalina d’Air France (un avion amphibie).

Il ouvrira la ligne Paris Fort De France avec ce même avion. Il n’a que 24 ans .la Traversée a duré 27 heures et 50 minutes.

Le 30 Décembre 1950, il navigue sur la ligne Antilles (qu’il ne quittera pas) avec le premier avion Constellation puis en 1952, le premier DC3.

Il aura l’honneur le 16 Décembre 1964, de poser pour la première fois sur la piste du Lamentin, le premier Boeing 707 d’Air France. Il devient officier Radio d’Air France.

  De gauche à droite: Gérard Nossin, Ernest Desroses, Edouard Desroses et Louis Erimée

Ce samaritain a la carrière fulgurante a reçu en 1962, la médaille d’Or de l’aéronautique.

Il totalisait 25000 heures de vols. Il est titulaire de la légion d’honneur. Un salon de l’aéroport du Lamentin porte son nom depuis le 16 décembre 1996

Georges Raveneau

Georges Raveneau premier pilote de ligne, victime du terrorisme

Georges Raveneau est né le 4 janvier 1949 à Sainte Marie. Il est issu d’une de ces grandes familles mulâtresses du bourg de Sainte Marie. Son père était commerçant et détenait une quincaillerie. Georges Raveneau fréquente l’école du bourg puis effectue ses études au séminaire collège à Fort De France.

Très jeune, le petit Georges se passionne pour tout ce qui vole. Il obtient d’ailleurs son brevet de pilote privé à l’aéroclub de la Martinique, le 18 Décembre 1967 alors qu’il n’avait que 18 ans. Il rejoint en 1969 la société Transcaraïbes et assure l’épandage de produits phytosanitaires dans les bananeraies. Il poursuit sa formation durant deux ans à l’ENAC (école nationale de l’aviation civile) à Toulouse. Il devient en 1972, pilote professionnel de 1ère classe sur Nord 262 à Saint Yon. Il se marie en 1973. En 1975, il pilote des Fokker 27 sur la ligne Nouméa/Nouvelles Hébrides pour devenir l’année d’après copilote de la compagnie UTA. Il pilote des DC8 et dessert en particulier les pays d’Afrique. Georges Raveneau devient en 1981, chef pilote chez Aéromaritime. Il est commandant de bord sur Supper Guppy et assure le transport de pièces Airbus entre la Grande Bretagne, l’Italie et la France. Il réintègre UTA en 1983 et dessert l’Afrique. Il commande dès 1985 un DC8.

En 1986, il est à la tête du personnel navigant d’Aéromaritime (filiale d’UTA) et en 1988 commandant d’un Boeing 737.Il dessert les Antilles.

En 1989 il est promu commandant de bord sur un DC10 sur le secteur DOM/Afrique. C’est le premier pilote de ligne antillais.

Nommé chef instructeur en Avril 1989, il n’a pas eu le temps de poursuivre sa fonction de formation des futures pilotes puisqu’il était victime de l’explosion d’une bombe au Niger.

Ce 19 Septembre 1989 Georges Raveneau ,14 membres d’équipage et 156 passagers embarquaient à bord du DC10, pour le vol UT 772. L’avion a décollé à 14h20 de Brazzaville et devait se rendre à Paris (Aéroport Roissy/Paris Charles De Gaulle). Il fait escale à N’Djaména et repart pour la France. Il est à plus de 10000 mètres d’altitude et survole le désert du Ténéré. Ce jour-là, une mallette piégée est introduite dans le vol UTA. Trente minutes après l’escale de N’Djamena, la bombe explose en plein vol. Il n’y a aucun survivant. A bord, 170 personnes de 18 nationalités différentes : 54 Français, 48 Congolais, 25 Tchadiens, 9 Italiens, 8 Américains, 5 Camerounais, 4 Britanniques, 3 ressortissants de la République Démocratique du Congo (RDC), 3 Canadiens, 2 Centrafricains, 2 Maliens, 2 Suisses, 1 Algérien, 1 Belge, 1 Bolivien, 1 Grec, 1 Marocain, 1 Sénégalais.

Ce même jour, à 20 heures, Maryvonne Raveneau épouse de Georges Raveneau regarde le Journal télévisé. Patrick Poivre d’Arvor annonce qu’un avion d’UTA a disparu entre N’Djamena et Paris. Elle ne comprend pas tout de suite. Elle va chercher la feuille de route de son mari et découvre le drame. Georges Raveneau était victime d’un attentat. Après une longue enquête, l’attentat est attribué au colonel et président libyen Kadafi. Il voulait punir la France d’avoir aidé les Tchadiens à chasser l’armée libyenne de leur territoire.

Le 10 mars 1999, six Libyens, hauts responsables des services secrets et de la diplomatie libyenne ont été condamnés par contumace à la prison à perpétuité par la Cour d’assises spéciale de Paris. La Libye versera 215 millions de dollars, soit 1,25 million par famille. Maryvonne Raveneau refuse toute compensation. Paris et Tripoli se sont réconciliés au prix d’une contumace.

A Sainte Marie le souvenir de Georges Raveneau est là, puisque le samedi 27 Février 1993, Le maire Guy Lordinot baptisait le terrain de basket construit à l’emplacement de l’ancienne maison Tulle du nom de Georges Raveneau.

Quelques années plus tard, le 19 Septembre 2015 sous l’impulsion du maire Bruno Nestor Azérot, le terrain de basket devenait la place Georges Raveneau.

Lerandy Luc

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Ancien professeur d’histoire et de géographie, il a participé régulièrement à la vie culturelle de sa ville. Animateur, membre d’associations, il est aussi un passionné d’histoire. il s'intéresse plus particulièrement à l'histoire de Sainte Marie et à celle des trains des Plantations à la Martinique.

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