Emmanuel Saldes est né le 3 décembre 1888 à Sainte Marie. Son père était un certain Etienne Saldes et sa mère, Constance Tyburn. Après une brillante scolarité, Emmanuel se destina à la carrière d’instituteur. Il fréquente l’école normale.
De retour à Sainte Marie en 1907, il exerça au Morne Des Esses puis au bourg de Sainte Marie dès 1912. Après avoir enseigné durant une année au Lorrain, Emmanuel Saldes est nommé directeur d’école à Saint Pierre. Il n’ a que 25 ans. Il assure la réouverture de l’ école après la catastrophe de 1902 . Il est en même temps secrétaire de mairie de Fonds Saint Denis. Il effectue ainsi ses premiers pas en politique.
Il revient à Sainte Marie en 1915, et dirige l’école primaire des garçons .Il ouvre les cours supérieurs qui deviennent cours complémentaires .
En 1924, Emmanuel Saldes soutien le candidat de l’Entente Républicaine qui est battu (cette élection est entachée par des nombreuses fraudes). Le gouverneur Richard qui règne en maître dans le département va le muter au Lorrain ou il y restera jusqu’en 1925. Cette décision brutale est considérée comme une sanction politique .
Au départ du gouverneur Richard, il retrouve son poste de directeur à Sainte Marie jusqu’en 1943
Il est président fondateur de la Samaritaine avec son ami Félix Lorne. Il est aussi fondateur de la première société de secours mutuel de Sainte Marie « La Tontine Samaritaine ».
Il est membre fondateur et premier secrétaire de la section du syndicat National des instituteurs.
En 1943, Emmanuel Saldes est nommé inspecteur de l’école primaire.
Il a été sollicité à deux reprises (en 1945 et en 1947 ) pour assurer la présidence de délégations spéciales suite à l’annulation d’ élections à Sainte Marie.
Il meurt en 1951, à l’âge de 63 ans. Il a reçu la médaille d’argent des instituteurs et est élevé au rang de chevalier de la légion d’honneur et d’ officier de l’instruction publique.
Sa carrière a été fulgurante. On retiendra de lui son efficacité, ses convictions et surtout sa volonté d’aller de l‘ avant.
Clotilde Kimboo parle dans ses souvenirs de Saldes Emmanuel
Extrait de la terre des gens sans terre sous la direction de Joseph Jos ( président de l’AMOPA)
« Avant la rentrée d’Octobre, le Chef de Service, Monsieur GARY BOBO (métropolitain) était monté à Ste Marie à la demande du directeur : M. Emmanuel SALDES du Cours Supérieur, il a demandé au directeur d’Ecole : – « M. SALDES, que ferez-vous de tous ces petits nègres-là ? » – « Des hommes, M. le Chef » et vraiment tous ont fait des hommes, parmi eux, Bazabas qui a fait l’Ecole de Centrale, il y avait Félix LORNE, ROTZEN, WAGRAM, Rigory CASTRY etc. … pour ne citer que ceux-là »….
Il y avait la cloche d’école. Il y avait un premier son à 8 h moins le quart, le deuxième à 8 H, donc le deuxième a sonné. Le Directeur M. SALDES fait sa ronde, car il sait qu’il y a comme on disait « des mateurbis ». Ils faisaient l’école buissonnière et on disait « yo maté bis » ; il va doucement et surprend cette conversation entre deux « mateursbis ». – Pas allé l’école jo di a chè – Pou ki tom… – Yo coupé canne caille Dubois-Lasalle en nou chèché 2 ou 3 . – Moin pè, man pas ka allé, directè ké bate nous et pi manman nous aussi. – Ou trop sot, ou pas rouè l’école cé la geole ? A ces mots le Directeur ne peut s’empêcher de rire et il attrape les deux garnements par les oreilles. Vous devinez le reste… d’abord le Directeur, ensuite les parents pour la bonne fessée. Le Directeur allait jusqu’au bord de mer car il y avait GAS qui allait, comme ils le disaient rèdi jodi, yo ni picette et pi ti coulirou ». Un enfant de Derrière Morne avait même trouvé la mort (7 ou 8 ans) à 11 heures car il avait « Maté bis » ce jour-là. Depuis le Directeur allait les cueillir jusque-là , certains jours il faisait la ronde, comme on dit.
On annonçait le mauvais temps en battant du tambour (un gars de la commune). – « Avis » – Il y avait vers midi pluie torrentielle etc. Sitôt 11 heures le Directeur renvoyait tous les élèves des campagnes avant la pluie torrentielle qui grossissait les rivières que les enfants devaient traverser. Sept rivières parfois, et tous les moindres ruisseaux se transformaient vite en rivière. »
Lerandy Luc