A l’occasion de la célébration de la fête de la Toussaint et du Jour des morts, les familles martiniquaises se retrouvent auprès de leurs morts dans les cimetières qui sont illuminés à la tombée de la nuit.
Comme la plupart des fêtes d’origine religieuse, celles-ci s’organisent autour de rites et de prières. Mais plusieurs jours avant la fête de la Toussaint la fréquentation des cimetières augmente. C’est le grand nettoyage avec ses incessants va et viens entre les différents points d’eau du cimetière et les zone de stockage de sable. Comme toutes les années, chaque famille vient s’occuper de la dernière demeure de ses défunts.
Les jeunes profitent alors de ces vacances de la Toussaint pour s’assurer un job de nettoyage Il faut récurer les caveaux, frotter, lessiver, changer ou réparer les portes, nettoyer les vitres, redonner un coup de peinture. Il faut fleurir les tombes: arums, anthuriums, compositions florales mais aussi plaques de souvenirs, bougeoirs qui couvrent les tombes. Le jour de la Toussaint, tout le monde va à la messe surtout vêtu de blanc. Après la messe les chrétiens se rendent dans les cimetières pour accompagner le prêtre qui va bénir les tombes et pour peaufiner l’entretien des tombes et caveaux.
En fin d’après midi, les familles se rendent dans le cimetière pour honorer leurs morts et se retrouvent ainsi autour de leurs défunts. Certains vont prier alors que d’autres, la plupart, vont discuter, s’échangeant des « milans » autour de la vie quotidienne. A la tombée de la nuit, les bougies et cierges vont illuminer les tombes des morts pendant au moins deux soirs (Toussaint et jour des morts). Certains chrétiens préfèrent allumer leurs bougies autour de la maison parfois abandonnée d’un défunt ou dans un oratoire de campagne .Ces traditions se perdent petit à petit.
L’ancien cimetière, lieu de mémoire et reflet des strates sociales ?
En parcourant les allées du cimetière, on se rend compte que le cimetière est révélateur des divisions sociales et spatiales de la société de la fin du XIXème et du vingtième siècle. L’allée centrale et symboliquement plus surprenant, la croix du christ délimite socialement le cimetière. De la porte d’entrée à la grande croix, vous découvrez les tombes appartenant aux mulâtres du bourg. A droite de la croix, l’espace est occupé par les caveaux des prêtres et les anciens maires. Derrière la croix, on trouve les tombeaux des békés .En contrebas, en s’éloignant du centre, et jusqu’au niveau des murs qui délimitent le cimetière, ce sont les nombreux caveaux des populations des quartiers et des plus humbles. La première tombe que l’on trouve à l’entrée est celle de la famille Dubois, anciens propriétaires de l’habitation Anse Azérot et proche de l’église.
En lisant les inscriptions sur les différentes plaques sur les tombes, on découvrira tous ces hommes qui font l’histoire de Sainte Marie : les familles Ermont, Lalanne, Martineau font partie des premiers maires de Sainte Marie , Agricole (Louis et Anarcharsis), litté, Huygues Despointes mais aussi Joseph lagrosillière, Emile Yoyo, Emmanuel Véry, Pauline Nogard ,….Beaucoup des ces illustres personnages tombent dans l’anonymat comme Joseph Lagrosillière dont la tombe est presqu’abandonnée.
Lerandy Luc