Date du jour :26/12/2024

La naissance de la paroisse de Sainte Marie

Nous sommes au XVIIe  siècle. c’est le début de la colonisation des Antilles. la Martinique est occupée par les français. Les statuts des compagnies ont prévu la présence d’hommes d’église dans la conquête de nouvelles terres. Appelés missionnaires, ces ecclésiastiques doivent assurer officiellement les offices religieux, s’occuper des malades,  éduquer les populations autochtones dans «  leur tache civilisatrice ».

Envoyés par le roi avec l’accord du Vatican, ces missionnaires étaient pris en charge par le gouverneur et les habitants de l’ile. Ces missionnaires se sont vite retrouvés à la tète de troupes de soldats et sont devenus mêmes  de véritables colons, possédants, terres, esclaves ….comme le père J.B Labat à Fonds Saint Jacques. Pour les motiver, on promettait à ces prêtres séculiers qui acceptaient de se rendre aux Antilles,  des avantages comme le versement de pensions, des terres, l’exemption d’impôts, des logements et avantages de toutes sortes.

L’église a participé totalement à la mise en place du système esclavagiste dans la colonie Des religieux y ont pris une grande part même si certains de ces religieux ont par la suite combattu le système colonial.

Jacques Duparquet préparait l’extermination des indiens caraïbes

Les ordres religieux se partageaient la direction spirituelle de l’ile à travers les paroisses qui y étaient créées. On trouvait à la Martinique les jésuites, les capucins, les frères de charité, les ursulines et le puissant ordre des dominicains. La première paroisse qui fut élevée à la Martinique fut celle du Carbet. L’ile était divisée en deux parties. D’un coté on trouvait les colons (ouest) , de l’autre les indiens caraïbes (est ) . Ces derniers  avaient été dépossédés d’une partie de leur territoire par les colons français .Ils tentèrent de garder de bonnes relations avec leurs envahisseurs mais avides de terres, les colons décidèrent de partir à la conquête de toute l’Ile en se débarrassant de  ces autochtones.

Nous sommes en 1657, les relations entre colons et caraïbes se sont dégradées ; Des français qui s’étaient aventurés en terre indienne ont été tués. Un chef caraïbe appelé Nicolas, conclut avec le gouverneur de l’époque, Jacques Duparquet, un accord de paix. En réalité, il s’agissait pour Duparquet , d’endormir ces indiens ; Il préparait déjà leur extermination. Le gouverneur décède le 3 janvier 1658, et sa femme, Marie assura son intérim.  Sous l’influence de colons armés et à la suite d’un nouvel incident avec les caraïbes , Marie Duparquet  déclara la guerre aux kalinas ou caraïbes. Elle chargea le colon, François Rolle De Loubière de la direction des opérations ; Une armée de six cents hommes fut levée .Deux ordres religieux revendiquaient  la direction des paroisses qui devaient être créées dans la région : Les jésuites et les dominicains .Pour régler le problème, madame Duparquet décida d’attribuer la région à l’ordre qui, le premier,  chasserait les caraïbes. Le père Jacques Bonin, supérieur des jésuites accompagné de deux cent hommes utilisa une stratégie qui lui paraissait la plus rapide : Il partit par canots, en espérant éviter les pièges et pouvoir attaquer les indiens directement vers le Marigot et Sainte Marie où existaient les plus fortes concentrations de kalinas ; Le père Jean De Boulogne, supérieur des dominicains leva une armée de 400 hommes. Il  partit à pied en passant par la montagne Pelée avec un groupe de deux cents hommes. Les deux cents autres soldats passèrent par le Morne Gommier ; La guerre fut rude mais rapide. Face à la technique supérieure de leurs adversaires, les caraïbes furent vite vaincus. La plupart furent massacrés, les autres se réfugièrent vers le sud est de l’ile. Beaucoup s’enfuirent vers Saint Vincent ou la Dominique.

C’est dans cette partie du bourg face à l’îlet qui débuta le développement du bourg

Le père Boulogne arriva le premier en territoire indien et il planta une croix pour délimiter son territoire (de Macouba au François) et comme le veut la tradition, il dit la messe et entama le « Te Deum »

Saint Dominique

Saint Dominique

Retardés  par les courants marins, De Loubières et ses troupes, arrivèrent après. Ils durent construire rapidement un petit fort  dans la région qui prit le nom de Fort Sainte Marie en l’honneur de la vierge Marie. C’est ce fort qui donna son nom au quartier Fort Sainte Marie puis à la paroisse de Sainte Marie. Ce fort était en fait une petite palissade en bois qui servait de lieu d’observation  et de défense. Nous sommes en 1658. Trinité s’est imposée comme le principal lieu d’installation. D’ après  Renard, deux tiers des habitants s’y sont installés. Trinité s’est imposée comme capitale commerciale de la Cabesterre avec son port de Cosmy

Madame Duparquet fit don au père Boulogne et aux dominicains d’un terrain  vers le  nord de Sainte Marie où il firent construire une case puis une petite chapelle à laquelle ils donnèrent  le nom de Saint Jacques, D’après Dutertre, Madame Duparquet a voulu honorer l’apôtre Jacques en mémoire de son défunt mari, le général Duparquet  qui portait aussi le prénom de Jacques ; C’est cette chapelle qui a donné son nom à la seule l’habitation monastique qui a existé dans la colonie puis au quartier Fonds Saint Jacques. Les dominicains ont reçu deux autres parcelles :l’ilet de Sainte Marie qui d’après le Terrier de 1671 portait le nom d’Ilet à Cabrittes et une parcelle de terrain au quartier Fond Charpentier

De la chapelle de Fonds Saint Jacques à la naissance de la paroisse de Sainte Marie

la chapelle de Fonds Saint Jacques

L’habitation monastique de  Fonds Saint jacques  est devenue le centre religieux de la région pendant près de vingt ans. Elle est devenue le siège de l’ordre dominicain. Le syndic y logeait (ex : le père Jérôme Lantiat de 1681 à 1686) de même que les curés des paroisses de Trinité, Sainte Marie, Marigot, Gros Morne et grande Anse (Louis Bertrand Fraisse, Nicolas Deschanet, Jean Temple, Claude Verdier, Raymond Dacier, Jean Jacques Romanet, Hyacinthe Dastez ……..).

Le père Boulogne se chargea de la construction de la chapelle de fonds Saint Jacques. Les travaux  de la chapelle s’achevèrent en 1660. Dite chapelle domestique, le bâtiment avait une longueur de 11,70 mètres sur une largeur de 5 mètres 80 . La hauteur était de 2 mètres 60. La chapelle était reliée au corps de logis et avait des murs en dur et une toiture en bois. Couverte d’essentes et de bardeaux,  ce  fut le premier bâtiment religieux du quartier Fort Sainte Marie

Tous les offices se déroulaient dans la chapelle. la présence de cette chapelle faisait de Sainte Marie une paroisse.

L’ exploitation de la propriété de Fonds Saint Jacques était assurée par le père Halgan.  Il était secondé par le Frère convers  Vincent

Une vingtaine d’esclaves desservait les religieux (fin XVIIème) ; L’habitation se développa pour devenir l’une des plus prospères de l’ile. Dès 1664, existait une sucrerie. La propriété avait une superficie de 800 pas de large sur 2000 de haut. Le nord de la Martinique  qui portait le nom de la Cabesterre se peupla rapidement et les colons réclamèrent de plus en plus de prêtres.

 

On reconnait l’ancienne église en contrebas de l’église actuelle Aujourd’hui centre des arts martiaux après avoir été l’ancien marché de la ville

L’église était construite

C’est  le 8 janvier 1663 que  le conseil souverain de l’ile ordonna l’établissement officiel des paroisses de Trinité, Marigot et Grande Anse. Elles étaient administrées par les dominicains .Cet ordre religieux dirigea la paroisse de Sainte Marie jusqu’en 1793. Le premier curé signalé  dans la paroisse(1679) fut le père Bertrand Fraisse qui était aussi curé de Trinité. Le quartier Fort Sainte Marie est devenu   une paroisse à part entière en 1684.

A  l, origine d’une paroisse, il y a une église. Hors ce n’est qu’en 1686, qu’un contrat datant du 22 Juillet de la même année nous apprend que monsieur Léonard  Lacquant, un habitant, a cédé au centre bourg,  un emplacement d’une superficie de 100 pieds en carré à la paroisse, pour y construire une église et un cimetière. En échange, il reçu un banc et une sépulture gratuite à perpétuité au cimetière pour lui et sa famille. Le cimetière apparait à la même période.  Cet accord fut signé avec le père Lanciat. L’emplacement se trouvait à l’endroit ou existe aujourd’hui le cinéma et la salle des arts martiaux. Le notaire et procureur du roi Pierre Birot dit La Pommeraye conclurent l’accord.  Le reste du terrain fut prélevé sur les cinquante pas du roi. Pierre BIROT est présent à la Martinique dès 1664 et est propriétaire d’une habitation de 25 hectares à Pain De Sucre (Ancienne habitation LE VASSOR).  Le père Jean Balzagette fut nommé curé de Sainte Marie en 1687, et eut la charge de la construction de l’église. Les travaux étaient évalués à 68000 livres. Les paroissiens promirent 164 journées de « nègres » pour clôturer le cimetière. La construction du presbytère fut différée. On considérait que la proximité de fonds Saint Jacques ne nécessitait pas la construction d’un presbytère ; Les Fonds nécessaires à la construction de l’église furent récoltés auprès des habitants (propriétaires d’habitations)  mais ils étaient largement insuffisants. Les travaux furent retardés. Le major Pierre Bègue relança les travaux grâce aux aides du roi Louis XIV. En 1688, le lieutenant du roi, Louis Ancelin sir De Gemosat, est venu se rendre compte de l’état des travaux ;

Achevée vers 1690, l’église avait une longueur de 14 mètres sur une largeur de 8 mètres. Elle était entourée de son cimetière qui resta ouvert jusqu’en 1755 . C’était une petite chapelle un peu plus grande que celle de Fonds Saint Jacques ( 11.70×5.80).

Elle était en maçonnerie. La tour du clocher était séparée de l’église et s’élevait à l’angle du cimetière près du presbytère qui apparut  au début du XVIIIe  siècle.

Pour faire venir des prêtres, les seigneurs propriétaires de Sainte Marie, Marigot et Grande Anse ont du les rétribuer. Ils exerçaient ainsi sur eux un certain pouvoir.

Donc avant 1686, il n’ y avait pas d’église à Sainte Marie et donc logiquement pas de paroisse et pourtant le père Bertrand Fraisse fut nommé curé de Sainte marie et de trinité en 1679.  Les informations restent floues quant au début de la construction de l’église.

Un recensement de 1682 nous apprend aussi que la compagnie de Saint Aubin qui gérait la région  comptait 3 églises (Trinité, Sainte Marie (église inachevée) et Fonds Saint Jacques) ; les premiers offices religieux avaient lieu dans la chapelle de Fonds Saint Jacques ; L’église de Sainte Marie, desservait en 1700, une population qui s’élevait à 1065  personnes soient 238 colons, 3 mulâtres, 824 esclaves qui travaillaient dans 11 habitations sucrières ( les premières habitations de la paroisse ).  Les informations sont contradictoires. On peut  avancer une hypothèse : le quartier de Sainte Marie existait en tant que paroisse et la chapelle de Fonds Saint jacques servait d’église paroissiale.

Lerandy Luc

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Ancien professeur d’histoire et de géographie, il a participé régulièrement à la vie culturelle de sa ville. Animateur, membre d’associations, il est aussi un passionné d’histoire. il s'intéresse plus particulièrement à l'histoire de Sainte Marie et à celle des trains des Plantations à la Martinique.