L’histoire retient que Sainte Marie a connu au moins 6 cimetières et une fosse commune : 3 au bourg, 2 au Morne Des Esses et 1 à Bezaudin…..
Le vieux cimetière du bourg (aujourd’hui disparu)
Un contrat datant du 22 Juillet 1686 nous apprend que Léonard Lacquant, un habitant, a cédé au centre bourg de Sainte Marie, un petit emplacement d’une superficie de 100 pieds en carré (9.290 m2) à la paroisse, pour y construire une église et un cimetière. En échange, il reçu un banc et une sépulture gratuite à perpétuité dans le futur cimetière pour lui et sa famille. Cet accord fut signé avec le curé de la paroisse, le père Lanciat. L’emplacement se trouvait à l’endroit ou existe aujourd’hui le cinéma Excelsior et la salle des arts martiaux, en plein bourg. Le notaire et procureur du roi Pierre Birot dit La Pommeraye conclurent l’accord
Achevée vers 1690, l’église avait une longueur de 14 mètres sur une largeur de 8 mètres. Elle était entourée de son cimetière qui resta ouvert jusqu’en 1755. La tour du clocher était séparée de l’église et s’élevait à l’angle du cimetière près du presbytère qui fut construit au début du XVIIIème siècle. On trouvait un maître autel au levant. L’église fut érigée sur un terrain cédé par le sieur Lacquant, le reste fut pris sur les cinquante pas du roi.
Mr Jean de Laguarigue de Survilliée avait cédé un bout de terrain à l’église pour la construction du cimetière et plus tard du presbytère : Le cimetière avait la forme d’un pentagone irrégulier .le presbytère qui fut construit dans la première moitié du XVIIème était entouré d’une haie, et l’ ensemble avait une superficie de 1535 pas carrés ( )dont 480 se trouvait sur les terres De Survilliée .
Le bourg de fort Sainte Marie se développe face à l’ilet et est constitué de magasins ou dépôts liés aux activités des habitations. Les marchands se sont installés au centre bourg, lieu où s’effectuaient les transactions, les échanges. L’arrivée des marchandises se faisait à Fort Sainte Marie sur l’ilet. On dénombrait en 1685 au bourg de Sainte Marie 44 maisons et magasins
L’église de Sainte Marie, desservait en 1700, une population qui s’élevait à 1065 personnes soient 238 colons, 3 mulâtres, 824 esclaves qui travaillaient dans 11 habitations sucrières.
La population augmente rapidement pour atteindre en 1738, 2918 personnes soient 382 colons, 28 mulâtres et 2508 esclaves qui travaillaient dans 20 sucreries. La population a plus que doublé en 38 ans. Le terrain qui entourait l’église devint trop petit et le cimetière ouvert en plein bourg et situé autour de l’église posait problème d’autant plus que des épidémies décimaient la colonie entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. La Martinique était effectivement touchée par une épidémie : la fièvre jaune.
A la lumière de nombreux documents, on découvre que l’épidémie de fièvre jaune a provoqué la mort de beaucoup de personnes ; Les prêtres de la paroisse de Sainte Marie ainsi que les propriétaires n’ont pas été épargnés. Le taux de mortalité était si élevé que pour les prêtres, être nommé à Sainte Marie étaient une condamnation à mort. Il faut dire qu’entre 1837 et 1894, sept curés décédaient à Sainte Marie. Dans un premier temps( 1857) , l’ église fut agrandie puis reconstruite à son emplacement actuel .
A l’époque, on expliquait ces maladies à partir de la théorie des miasmes ; les miasmes agissent comme des gaz dangereux qui envahissaient l’atmosphère et qui viendrait de la décomposition des corps qui étaient enterrés dans le cimetière en plein bourg. Ainsi, le 3 mars 1783, le curé de Sainte-Marie, le père Cordier Michel, célèbre un mariage à Fonds Saint Jacques, pour éviter la variole qui décime le bourg. La fièvre jaune, fléau de l’époque semble avoir touché surtout les non créoles. On jetait aussi les corps loin du bourg, dans une fausse commune que les anciens désignaient improprement par le terme Lazaret. Cette fosse se situait à la sortie du bourg face au collège Lagrosillière au milieu d’un champ de canne à sucre.
L’ancien cimetière du bourg
Au début du XIXème siècle, Le cimetière fut déplacé hors du bourg, le long de la RN1 actuelle, près du presbytère .
Les membres du conseil de fabrique (conseil paroissial) ainsi que le curé ont récupéré les droits qui avaient été accordé à Mr laquant le 22 Juillet 1686 et qui accordaient un banc et une sépulture pour lui et sa famille à perpétuité (la famille Laquant n’existant plus). Ces droits ont été cédés à Mr de Laguarigue de Survilliée.
Vers 1860 le cimetière trop petit fut agrandi. Il a fallu exproprier un bout de terrain appartenant aux Héritiers Seguin Lassalle. Les épidémies se poursuivaient.
L’ancien cimetière de Sainte Marie reste l’un des modèles de tout ce que l’on peut trouver à la Martinique. On y trouve toutes les formes, tous les styles, toutes les inspirations. Cela va du simple caveau aux véritables « Tombes Villas ». La forme la plus simple reste le caveau entouré d’un cadre en bois surmonté d’une croix avec le nom du défunt .Ce modèle est adopté par les plus humbles et a tendance à disparaître.
A un autre niveau, on trouve le même style mais qui a été entre temps recouvert d’une dalle en béton quelques années après l’inhumation.
On retrouve ce même style, chez ceux qui ont plus de moyens et qui ont couvert leur caveau avec une dalle en pierres de taille ou en marbre.
On a connu une autre évolution, avec l’oratoire, qui, en recouvrant la dalle a transformé le monument en petit temple .cette transformation a donné naissance à des tombes néo-classiques avec un fronton triangulaire, des pilastres cannelés, des acrotères et denticules drapés savants .La tombe de Félix Huyhues Despointes en est un exemple. Ces tombes familiales appartiennent aux grosses fortunes locales .Elles sont couvertes de marbre .
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Depuis une quarantaine d’année, la population est influencée par le style monumental. On voit ainsi apparaître des tombes familiales qui émergent de terre à 2 ou 3 mètres de terre et qui sont surmontées d’une niche. Ces structures carrelées sont de plus en plus élaborées. On trouve de véritables tombes villas avec persiennes, escaliers et abris intérieurs. C’est une recherche du sensationnel.
On jetait aussi les corps dans une fausse commune que les anciens désignaient improprement par le terme Lazaret. On parle de l’existence d’une fosse commune à la sortie du bourg face au collège Lagrosillière au milieu d’un champ de canne à sucre.
Le cimetière paysager de Lassalle
Situé au quartier Lassalle ,Le cimetière date de 1990. Il comptait au départ plus de 200 caveaux et des fosses en pleine terre ainsi qu’un espace cultuel . Cet espace très vert et étendu se trouve à proximité du salon de recueillement. Conçu par l’ architecte Roger Chenevot, cet espace dispose aussi d’ ossuaires collectifs . c’est un cimetière moderne qui compte aujourd’hui 426 caveaux et 400 capacités de fosses en pleine terre. Les dépouilles sont conservées en terre durant cinq ans et sont ensuite transférées dans les 5 ossuaires qui équipent ce cimetière. On trouve aussi un bloc de 16 caves urnes qui se trouve à coté du Jardin de Souvenirs où l’ on peut éparpiller les cendres des défunts. En contrebas sous le kiosque , 16 caveaux d’attente sont à la disposition des familles qui ne veulent pas mettre leurs défunts en terre et qui attendent qu’un caveau soit libérer . Ce cimetière accueille aujourd’hui le caveau où repose Clarissa jean Philippe et sa tombe est devenue à la grande surprise des samaritains , un véritable lieu de pèlerinage ou se rendent chaque année des centaines de touristes .
Le cimetière du Morne Des Esses
Le hameau du Morne Des Esses devient paroisse en 1932. Sous l’épiscopat de Mgr Paul LEQUIEN, la paroisse fut dédiée à Saint Paul De Tarse. C’est Mgr Lequien qui posa la première pierre de l’église en 1933. Ce jour là, le chanoine Louis Bataille, curé de Sainte Marie célébra la messe en plein air. C’est avec l’abbé Jean Morin, vicaire de Sainte Marie que débute les travaux de construction de l’église. Quatre murs, la charpente, et la toiture étaient déjà montés lorsque l’abbé Monin dut rejoindre la métropole. Les travaux cessèrent plusieurs mois avant de reprendre en 1935. En mars de cette même année l’abbé Gabriel LAVIGNE fut nommé premier curé du Morne Des Esses. Il arriva le dimanche 10 Mars 1935 et célébra sa première messe le dimanche de carême. Il relança les travaux qui progressent rapidement. Monsieur Vierdier réalisa le maître autel à la main ; le clocher fut construit en 1939 avec l’aide du docteur Emmanuel Véry, conseiller général de Sainte Marie. Le clocher fut béni par Mgr Paul Lequien. Il accueille quatre cloches.
Le cimetière fut réalisé sur le domaine de la famille CRISPIN. La première inhumation eut lieu en 1936. Un certain monsieur Humbert Patole aida à la construction de la croix dont le christ mutilé provenait de la paroisse du Diamant. Ce christ fut découvert dans une savane par l’abbé Gabriel Lavigne. L’abbé Laurent Deschamps succédait à l’abbé Gabriel Lavigne en décembre 1942. L’abbé Paul Bergeron arriva en Décembre 1943. Les curés se déplaçaient à cheval. Le petit presbytère reçut ses premiers meubles en 1944.
On parle de l’existence d’un lazaret (fosse commune) bien avant (XIXème) du coté du calvaire (An Cimitiè) lié à l’épidémie de fièvre jaune qui décimait la région.
On parle de l’existence d’un lieu d’inhumation à Bezaudin et à Bon Air. Nous y reviendrons
Le salon de recueillement
Lerandy Luc